vendredi 17 février 2012

Buongiorno Italia


“Une dernière pensée désespérée traversa son esprit : Fuir ce rocher maudit ! ” Les 40 jours du Musa Dagh, Franz Werfel, page 665
Partir.
Partir loin.
Il arrive que seule la fuite nous semble un horizon capable de nous sauver.
C’est en tout cas comme cela que Sandro, le héros du poétique roman de Philippe Fusaro, L’Italie si j’y suis, appréhende son périple à travers l’Italie avec son fils Marino, suite à une violente rupture.

« Ici
Sur l’autoroute
Je prends la fuite
Ne me retourne pas
La ville est dans mon dos
Je ne regarde pas dans le rétroviseur
Je ne pense qu’à filer, porté par le vent du soir et ma tristesse s’écoule sous le châssis, goutte sur l’asphalte. » p.31



Tout en faisant face à la brutalité de la vie et à ses soubresauts, cette nouvelle nous fait entrer dans un monde de douceur et de rêverie. 
Parce que ce n’est pas un simple voyage réparateur. C’est des retrouvailles entre un fils et son père. C’est un conte dans lequel le premier ne quitte pas son costume de Youri Gagarine que son grand-père lui a ramené de Russie. C’est une visite de l’Italie telle qu'on ne l’a jamais faite et qu’on ne la fera jamais. C’est monter à bord d’une Alfa Romeo remplie d’incertitudes et de quête de la certitude. C’est prendre la route pour on ne sait où.
C’est voir apparaître le héros du jeune Marino, Youri Gagarine, réconfortant cet enfant dans ses moments de doute, à l’image d’Eric Catonna dans le célèbre film Looking for Eric.

C’est se demander pourquoi cette petite merveille sans prétention n’a pas déjà été interprétée au cinéma tant le scenario s’y prête.
C’est se dire que l’on enfourcherait bien sa Vespa pour partir à la quête d’une quelconque certitude, quelque part entre Rome et Naples. 
...
C’est partir.
C’est partir loin.
...

L'Italie si j'y suis, Philippe Fusaro, Édition La Fosse aux ours, 2010, 173 pages, 16 euros

1 commentaire:

  1. je n'aurai peut être pas choisi cette bande annonce qui ne reflète pas ta comparaison. Je voulais ajouter quelques lignes d'Henri Laborit extrait de son livre L’Éloge de la fuite : "Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l’arrière avec un minimum de toile. La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l’horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus qu’ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime.

    Vous connaissez sans doute un voilier nommé « Désir »." Merci à toi F.

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