« Fait couler le rocher et
fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels
est ouvert
L’empire des ténèbres futures »
Bohémiens en voyage, Baudelaire, Extrait des Fleurs du Mal
Je vous parlais dans un post précédent (Buongiorno Italia) de l’aspect
potentiellement salvateur de la fuite. Elle semble, il est vrai, parfois, le seul
recours.
Un sauve-qui-peut que l’on espère réparateur.
Mais, étrangement, la fuite va souvent de paire avec un voyage en solitaire
à la Into The Wild.
Affiche du film |
Or, précisément, se retrouver en tête à tête avec soi-même suppose un tête
à tête avec … ce que l’on fuyait ! Tous les paysages du monde ne
changeront pas nos pensées. Ce qui les change ce sont au contraire les personnes avec qui
nous pouvons partager notre fuite. Parce qu’il n’est pas question de finir
comme le héros assez peu attachant d’Into
The Wild qui a tout fui pour partir vivre en Alaska : seul et en ayant vécu ses plus beaux moments en solitaire.
Si l’on dit, communément, que le voyage forme la jeunesse c’est parce qu’il
invite à la rencontre et à la débrouillardise.
S’il est si présent dans l’œuvre de Baudelaire, c’est qu’il est poétique.
Tout cela en fait un moment stratégique et fondateur pour trouver son
équilibre dans le fragile exercice de construction.
La fuite apparaît alors peut-être davantage comme une parenthèse dont on apprécie les bienfaits précisément parce que l'on sait qu'on y mettra fin. Le retour est un horizon. Un quotidien amélioré en est la quête.
"Dans ton exil essaie d'apprendre à revenir, mais pas trop tard" aurait-on envie de dire (avec Jean-Jacques Goldman) à un proche en quête d'ailleurs :
Puisque tu pars, Jean-Jacques Goldman
...
Ma fuite s'appelle revient !
...
Hey, pourquoi tu ne le trouves pas attachant le héro de "Into the wild" ?
RépondreSupprimerHey, merci pour ce commentaire :)
RépondreSupprimerPas attachant donc, parce que pas une seule fois il n'agit (il me semble) en fonction ou pour quelqu'un d'autre. Ce voyage est finalement très égoïste. Et je crois bien qu'il finit son périple en écrivant quelque chose comme "Le bonheur n'est réel que s'il est partagé". Et je sur-adhère ;) Mais c'est un peu ballot de le comprendre si tard (quand il est tout vert/blanc/bleu...), non ?
Hey, c'est vrai que je n'ai pas beaucoup pensé à la mentalité de l'aventurier. Et oui :P dans ce film, on se laisse vite porter par son désir de voyage et aux merveilleux paysages proposés.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi qu'il n'agit que pour lui-même, rien qu'au début lorsqu'il occulte la tristesse de ses parents.