vendredi 16 mars 2012

Dis-moi quel dévoué tu es … #2


“J’aime mieux être guillotiné que guillotineur” La mort de Danton Georg Büchner, Acte I scène 2
Chose promise chose due ! Après le Dévouement Acte 1 d'hier, voici le Dévouement, Acte 2 !
Le dévouement c’est donc le don de soi. Comme ces artistes des Enfoirés qui passent à la télévision une fois par an ? Peut-être mais disons plutôt un penchant extrême au don de soi qui peut, parfois, nous faire sombrer dans l’auto-destruction. Le dévouement est comme le miroir sombre de la gentillesse.
S’il y a bien un personnage de la littérature qui s’abandonne par dévouement, c’est l’héroïne de Stefan Zweig dans la formidable et hypnotisante nouvelle Lettre d’une inconnue. Cette femme, dont l’identité reste un mystère, nous dévoile sa vie et son histoire à travers la lettre qu’elle a envoyée à son amant éphémère. Cet éternel Don Juan ignore pourtant tout d'elle. Comble de la trahison, même son souvenir a disparu.
A travers ses lignes, on découvre un dévouement qui prend la forme de l’obsession et du délire amoureux. Une dévouement mortel, littéralement.

« Mais crois-moi personne ne t’a aimé aussi fort, comme une esclave, comme un chien avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis toujours restée. Rien sur la terre ne ressemble à l’amour inaperçu d’une enfant retirée dans l’ombre, cet amour est si désinteressé, si humble, si soumis, si attentif, si passionné  que jamais il ne pourra être égalé par l’amour fait de désir et malgré tout exigeant d’une femme épanouie » P 344, Le Livre de Poche, I Romans & Nouvelles
Il y a de la folie, finalement, dans ce dévouement total.
Et l’on est reconnaissant à Stefan Zweig d’avoir limité cette folie à quelques dizaines de pages, tant elle nous envahit, nous ronge, nous dévore. Cette nouvelle est fascinante. Effrayante aussi.
Pour les interstices de l’épopée, je vous laisse tourner les pages !
Le dévouement, c’est peut-être un sentiment à mi-chemin entre l’instinct de protection, et l'oubli de soi qui nous promet une chute certaine, ou nous mène à la folie douce de dire, à l’image de l’héroïne invisible de Zweig « I don’t know you but I want you » 


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Dis-moi quel dévoué tu es … #2
FIN
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