vendredi 20 avril 2012

Est-ce que j’ai une tête d’atmosphère ?


« Une jolie tête? C’est comme si vous décidiez d’après le bouchon de la bouteille » Anatole France 

On m’a adressé récemment un très gentil compliment : “Oh tu es bien maquillée … Tu es allée chez MAC ?” En plus de me faire rougir, on m’instruit, puisque pour moi, Mac se limitait à la marque de mon ordinateur.
J’ai donc terriblement eu envie de répondre «  Est-ce que j’ai une tête de Mac ? »
Ce qui, bien sûr, n'aurait été qu'un mauvais plagiat de la mythique réplique de Madame Raymonde dans l’Hôtel du Nord (1938) de Marcel Carné: « Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une tête d’atmosphère ? »
Hôtel du Nord, Marcel Carné


Dans ce film, le spectateur s’immisce dans des vies et des destins forts différents les uns des autres mais qui pourtant se côtoient et se croisent, s’appréhendent et se découvrent à travers un unique lieu : l’hôtel du Nord.
On retrouve d'ailleurs ce type de rencontres improbables dans le mystérieux roman de Véronique Ovaldé Et mon cœur transparent

L’auteur met justement en récit la découverte de l’autre, et ce à travers la mort. C’est en effet après la mort de sa femme que le héros Lancelot découvre d’étranges formules d’explosifs mêlées aux recettes culinaires de son épouse …
Pourtant, l’extrait le plus savoureux du roman se trouve avant ce récit dramatique. C’est celui de la rencontre entre Lancelot attendant sa femme qu’il croit en train de réaliser un film animalier, et Vladimir, transsexuelle désespérée de l’échec de sa transformation :
« Et Vladimir devant son café cognac expliqua qu’elle se sentait toujours aussi seule, qu’elle savait bien que toutes les hormones qu’elle prenait allaient finir par lui filer le cancer et que ses enfants ne voulaient toujours pas la voir.
Lancelot ne sut que répondre.
Il prit la main molle de Vladimir dans la sienne et la tapota, il lui offrit un nouveau cognac et lui dit qu’il venait de quitter sa femme, qu’il n’avait pas d’enfant, quasiment rien sur son compte en banque et qu’il avait peur que la femme qu’il aimait ne se fasse bouffer par un ours » page 48
Deux solitudes, deux destins malheureux. Deux atmosphères qui n’auraient pas dû se rencontrer. Et pourtant …

Est-ce que j’ai une tête d’atmosphère ?

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