« Quelques semaines plus tard,
la classe de cinquième A I fut le théâtre d'un événement singulier: pendant le
cours de latin la porte s'ouvrit, Bénard entra, escorté du concierge, salua M.
Durry, notre professeur, et s'assit. Nous reconnûmes tous ses lunettes de fer,
son cache-nez, son nez un peu busqué, son air de poussin frileux: je crus que
Dieu nous le rendait. » Les Mots,
Jean-Paul Sartre
Bell-um Bell-a
Bell-um Bell-a
Bell-um Bell-a
Bell-i Bell-orum
Bell-o Bell-is
Bell-o Bell-is
Voilà ce à quoi se résumait, dans mon souvenir,
mes cinq années de latin.
La guerre (bellum), pris comme merveilleux exemple
du paradoxe de la langue : la déclinaison du neutre. Dès la 5ème
nous entrions donc dans un monde parallèle où le plus violent des actes nous
était imposé comme étant neutre.
Des histoires de Dieux, de vengeance, de supplices
ignobles imposés sous le sceau de l’amour. Voilà aussi ce que nous trouvions
dans ces heures hors du temps où nous apprenions une langue prétendue « morte ».
Pourtant, tout cela devient bien plus vivant quand vous retrouvez, à
l’anniversaire d’une amie, votre professeur de latin de 5ème. Quoi de plus improbable !
Alors non, je n’ai pas récité ma déclinaison – quoi que le professeur
aurait surement été heureux de voir que son enseignement était resté
profondément ancré, sans que je sache bien pourquoi … - mais j’ai compris qu’il
me serait bien utile d’avoir une tête aussi pleine d’histoires rocambolesques,
d’Ulysse et de travaux d’Hercule.
Il n’est pas question d’admirer l’érudition pour elle-même. Mais bien
plutôt d’admirer ces savoirs qui font de vous un être qui ne s’ennuie jamais.
Un cours de latin. En 5ème E.
La maitresse d'école, Georges Brassens
…
Us / e / um / i / o / o
(Masculin, singulier)
…
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