Au-delà du prénom, certains vont
même plus loin et voient les choses en court ; se faire une lettre !
Prenez l’alphabet et
arrêtez vous à K.
Le jeune auteur-compositeur et
interprète Nicolas Michel –alias K- avait sorti en 2005 « L'Arbre
rouge ». C'est cette première mouture qui a été enrichie pour donner
naissance à un album prometteur qu'est « l'Amour dans la rue ».
Hymne au bonheur dans « Le
vieux monsieur », à la vie et à l'amour dans « Je suis
bien » et «L'amour dans la rue », l'album de K est avant tout un
concentré d'énergie, d'optimisme et de joie de vivre. Ce jeune Helvète nous
ouvre un univers singulier emprunt de poésie et de tendresse, assaisonné d'une
pincée de dénonciation politique. La poésie atteint sans doute son apogée dans
le touchant hommage rendu au célèbre « carpe diem » dans la chanson
« Je suis bien ».
L'amour dans la rue
Je suis bien
Le vieux monsieur
Mais K est loin d'être un
idéaliste béât. Il nous dévoile en effet un monde bien plus subtil. Il joue
habilement de thèmes dramatiques, en évitant par exemple, le pathos en évoquant
la mort dans « La cendre ».
Avec un air faussement
désinvolte, K chante la mort et l'amour avec la même facilité. Ses angles
d'approche sont souvent décalés et surprenants. C'est ainsi que, sans aucune
réticence, il scande le refrain éponyme de sa chanson « je smoke an other air » dans un anglais qui fait sourire.
Cette personnalité si singulière
qui se dévoile dans ce premier album est le résultat d'une quête. Le jeune
Lausannois a un momenthésité entre une carrière d'acteur et celle de
chanteur. La mise en spectacle n'est d'ailleurs pas absente de son album
puisque chaque nouvelle chanson est un univers à part entière.
Le talent est donc indéniable.
Reste une impression de « déjà vu, déjà entendu » qui altère quelque
peu l'enthousiasme de départ. Le jeune chanteur s'inspire en effet assez
largement de la Nouvelle Chanson française avec en arrière fond, la perceptible
influence du Belge Jacques Brel.
"Il faut toujours prendre les
choses à la légère et les supporter avec bonne humeur, il est plus humain de
rire de la vie que d'en pleurer" Sénèque
Avez-vous remarqué la dernière campagne publicitaire d’IKEA ? Il me
semble qu’elle reprend à peu près cette philosophie de Sénèque !
Pour fêter ses 30 ans d’existence, le plus célèbre magasin suédois a mis en
place toute une campagne d’affiches sur le mode « 30 ans de vie commune,
c’est un beau début ». Sur fond de jeu de mots sur le thème de la ténacité
d’une vie de couple, la marque met en image des étapes décisives de la vie. En
soi, rien de bien méchant, certes.
Pourtant, l’humour, tout particulier, peut laisser, disons, interrogateur …
Ainsi, on peut voir dans le métro parisien notamment :
Jean et moi, on n’a pas dû avoir le même premier salaire …
Une autre affiche nous prend peut-être encore plus au dépourvu :
L’idée de prendre la vie du bon côté est quelque peu poussée à l’extrême.
Mais après tout, pourquoi pas.
Mais la marque a cela de malin : on a du mal à identifier qui est le
plus malheureux dans l’histoire. Elsa ? Marc ? Les chaussures ?
Et comme certains cherchent surement à compatir –comme moi -pour le plus malheureux, on est mal à l’aise
face à cette incertitude. Plus que par l’anti politiquement correct que cette
affiche contient, elle nous dérange par le flou qu’elle installe. IKEA a gagné.
« Dans leur pitié, pour notre race naturellement
vouée à la peine, les dieux ont institué des haltes au milieu de nos travaux.
C’est l’alternance des fêtes »
Platon
Parue dans l’article Montrez les crocs publié dans la
version web du magazine Paulette, cette vidéo de Captain Kid enchante ce dimanche avec son humour décalé. « I’m
selfish and jalous. Is that a crime ? »
« Cette chose plus compliquée
et plus confondante que l’harmonie des sphères : un couple »Julien Gracq, Un beau
ténébreux
La célèbre marque a axé son plan marketing sur le couple et sa longévité.
Ressort de (presque) toutes les intrigues, cette longévité des unions est
débattues par deux films où l’on retrouve le même type d’intrigue : Blue Valentine d’une part et La Guerre est déclarée d’autre part.
Alors que le premier met en scène un couple rongé par l’ennui et la
fatalité du temps qui passe, le second trouve sa raison de vivre dans la
maladie.
Les deux films placent l’enfant comme élément matriciel du duo incarné par
le couple. Dans Blue Valentine,
l’enfant a engendré l’union elle-même. Alors qu’on pourrait croire que l’enfant
de La Guerre est déclarée est le
socle du couple, il devient peu à peu le seul élément de l’union, et finit,
ainsi, par faire mourir le couple en tant que tel.
Dans les deux cas, le spectateur est incapable de dire qu’il aurait voulu
faire pour que ces histoires marchent. Ce qu’il voudrait que les héros fassent
pour que ça marche. A croire que les échecs n’ont pas nécessairement
d’explication.
[Quand le froid s'installe, tout incite à se replonger dans un précédent article et trouver de quoi résister !]
« Je suis recherché maintenant
tout à la fois par Vichy et par la Gestapo qui n’ignore rien de mon identité et
de mes activités. Mais je suis bien décidé à tenir le plus longtemps
possible » Lettre de Jean Moulin au Général de Gaulle 7 mai 1943
La résistance peut prendre mille et une formes : celle, historique et
héroïque pendant la Seconde Guerre mondiale, et celle, plus discrète, du
quotidien.
Aujourd’hui, certains candidats à l’élection présidentielle étaient à la
cérémonie rendue à l’un des derniers résistants qui avait connu Jean Moulin,
Raymond Aubrac. Comme pour dire, par procuration, qu’ils sont des hommes de
bien. Pourtant si l’on utilise l’expression « entrer en résistance »
c’est parce qu’il s’agit bien d’une posture. Nulle doute que si l’on pouvait
éviter d’y entrer, on s’en abstiendrait. Nul doute surtout que l’on n’entre pas
en résistance par procuration.
Si l’on veut mesurer ce que fut la résistance, la vraie, on peut se
replonger dans le film Lucie Aubrac
de Claude Berri, qui, à défaut de nous faire comprendre le phénomène incroyable
d’un tel engagement, nous fait mieux connaître le destin de ce couple peu
connu. Loin de l’image idéalisée de la France résistante véhiculée par La Grande Vadrouille, Lucie Aubrac offre
pourtant quelques instants légers notamment lors des évasions folles de
résistants orchestrées tantôt par Lucie pour Raymond Aubrac, tantôt par le
couple, pour des comparses résistants. Le chant des partisans prend alors tout
son sens.
Certes, nous changeons radicalement de monde, mais chercher un emploi,
c’est, pour une part au moins, entrer en résistance. Contre l’ennui d’abord.
Mais contre la bêtise, surtout. Celle des gens que l’on croise, nécessairement
lors des démarches classiques. Certains d’entres eux en tout cas. Mais le plus
dur, c’est peut-être que l’on lutte contre un être invisible. Une incertitude
permanente.
Mais on connaît la chanson : le mieux, reste donc de résister.
Aujourd'hui, on relit un article qui nous fait voyager.
«
Demandez à un crapaud ce qu’est la beauté, il vous dira que c’est sa crapaude,
avec deux gros yeux ronds, une gueule plate, un ventre jaune et un dos brun. » Voltaire
Effronté non, cet animal là ?!
En beauté comme en amour il en va presque toujours de ce
que nous voyons. Comme il l’était déjà dit ici. Pas très loin de cette
réflexion il y a celle d’aujourd’hui.
Et vous allez finir par croire que j’ai des origines
québécoises, puisque je vous parlais déjà de cette région ici et là … Qu’à cela
ne tienne !
Je mise plutôt, pour ma part, sur ce grand froid pour
m’avoir fait penser à ce film dont l’épique épopée se déroule dans un village
reculé et bien mal nommé du Québec : Sainte Marie La Moderne et dont le
titre en dit long sur sa teneur : La
Grande Séduction.
L’histoire est simple mais originale : Sainte Marie
La Moderne a besoin d’un médecin pour voir son usine rouvrir et ses hommes, au
moral en berne, reprendre du poil de la bête. Or, Christopher Lewis, médecin de
ville absolument détestable, est envoyé sur place après avoir été arrêté au
volant de sa voiture sous l’effet de diverses drogues. Commence alors la grande
séduction menée collectivement par tout le village pour tenter de garder cet
homme tombé du ciel. Prenons l’exemple, absolument hilarant, du départ :
apprenant que leur potentiel sauveur est fan de cricket, les hommes improvisent
une mise en scène pour que la première vision à son arrivée soit
magique : une équipe de cricket en pleine action. Sauf que, détail,
personne au village ne connaît ni les règles, ni les bases du jeu en question …
La séduction s’annonce ainsi toute aussi grande que
longue ! Parce que, vous l’aurez compris, le chemin reste donc long tant
les distances qui séparent ces deux mondes amenés à cohabiter sont différents.
Un village tout entier qui trouve ainsi sa raison d’être
à échafauder toutes sortes de subterfuges pour conserver son médecin, voilà qui
semble désuet … et pourtant si crucial à l’heure où les zones rurales désertées
par les médecins sont des vrais enjeux de politiques publiques en France.
Scenario et décor peu habituels, ce film de 2003 a tout,
précisément, pour séduire. Et tout cela dans un québécois typique (il me semble
qu’il existe même une version sous-titrée en français !). Impossible de
les prendre au sérieux ces bonshommes là ! Drôle et émouvante, cette Grande Séduction mérite vraiment qu’on
s’y replonge.
Un seul bémol peut-être : une fois le clap de fin
frappé, vous risquez de vouloir prendre le premier vol pour Sainte Marie La
Moderne, ce qui, je vous le concède ne serait peut-être pas la meilleure idée
du siècle.
…
Mais tout n’est,
après tout, qu’une question de point de vue !