(En ce jour d'élection du nouveau Pape François Ier, révisons notre latin. Rediffusion de l'article du 24 mai 2012)
« Quelques semaines
plus tard, la classe de cinquième A I fut le théâtre d'un événement singulier:
pendant le cours de latin la porte s'ouvrit, Bénard entra, escorté du concierge,
salua M. Durry, notre professeur, et s'assit. Nous reconnûmes tous ses lunettes
de fer, son cache-nez, son nez un peu busqué, son air de poussin frileux: je
crus que Dieu nous le rendait. » Les Mots, Jean-Paul Sartre
Bell-um
Bell-a
Bell-um
Bell-a
Bell-um
Bell-a
Bell-i
Bell-orum
Bell-o
Bell-is
Bell-o
Bell-is
Voilà ce à quoi se résumait,
dans mon souvenir, mes cinq années de latin.
La guerre (bellum), pris
comme merveilleux exemple du paradoxe de la langue : la déclinaison du
neutre. Dès la 5ème
nous entrions donc dans un monde parallèle où le plus violent des actes nous était
imposé comme étant neutre.
Des histoires de Dieux,
de vengeance, de supplices ignobles imposés sous le sceau de l’amour. Voilà
aussi ce que nous trouvions dans ces heures hors du temps où nous apprenions
une langue prétendue « morte ».
Pourtant, tout cela devient
bien plus vivant quand vous retrouvez, à l’anniversaire d’une amie, votre
professeur de latin de 5ème. Quoi de plus improbable !
Alors non, je n’ai pas récité
ma déclinaison – quoi que le professeur aurait surement été heureux de voir que
son enseignement était resté profondément ancré, sans que je sache bien
pourquoi … - mais j’ai compris qu’il me serait bien utile d’avoir une tête
aussi pleine d’histoires rocambolesques, d’Ulysse et de travaux d’Hercule.
Il n’est pas question d’admirer
l’érudition pour elle-même. Mais bien plutôt d’admirer ces savoirs qui font de
vous un être qui ne s’ennuie jamais.
Un cours de latin. En 5ème E.
La
Maitresse d’Ecole, Georges Brassens
…
Us /
e / um / i / o / o
(Masculin,
singulier)
…
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